Par Frère Michel Fontaine OP,
Jeudi 13 mai 2021
Mc 16,15-20
Il y a des départs douloureux difficiles et pourtant nécessaires pour continuer à vivre et construire son existence…
Nous le savons, nous en faisons l’expérience dans notre vie. Nous pouvons être séparés de quelqu’un et pourtant sentir sa présence : il suffit parfois d’un signe, d’un objet, d’un souvenir, d’une lettre, d’une parole qui monte dans notre mémoire…Nous percevons là, sans pouvoir toujours bien l’identifier, la force d’un mystère, celle de l’Espérance au sein de nos relations.
N’est-ce pas dans ce nécessaire départ que Jésus vient nous rappeler le sens profond de son retour vers le Père ? Il nous le dit lui-même : « Il est de votre intérêt que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, l’Esprit Saint (le Paraclet, le Défenseur) ne viendra pas à vous… » (Jn 16, 7)
Oui, avec l’Ascension le Christ invite ses disciples d’une manière nouvelle, à vivre de son absence. Aujourd’hui, comme hier, ce départ devient le fondement de notre Espérance au cœur de notre vie. Cette puissance de la résurrection révélée au matin de Pâques, c’est celle qui est maintenant à l’œuvre au quotidien dans le monde au travers de chacune et chacun d’entre nous malgré les doutes, les incertitudes et tout ce qui peut nous apparaître comme opposé à l’amour.
En effet, Jésus, le ressuscité, vient d’accompagner pendant une quarantaine de jours ses disciples, comme pour les enraciner davantage dans un esprit de foi. Ce temps d’apprentissage pourrions-nous dire, récapitule toutes les quarantaines de l’Ecriture sainte, en fait toutes les quarantaines de nos existences, marquées par le doute, la colère, l’incertitude, les tentations, la solitude, la trahison…Dieu est patient. Mais ce temps d’apprentissage est aussi un temps marqué par la joie, l’approfondissement de la foi, la consolation, l’espérance, la prière. Rappelons-nous : dans l’Evangile c’est Marie qui court annoncer à ses frères qu’elle a vu le Seigneur, c’est la rencontre des disciples d’Emmaüs, c’est la conversion de Paul, c’est le repas partagé avec les Apôtres sur les bords de Tibériade…Et dans mon quotidien, c’est telle rencontre qui vient changer le court de ma vie, c’est un pardon enfin donné ou reçu qui libère, c’est l’expérience d’une décision de vie qui donne du sens à mon existence…Autant de lumières qui m’aident à avancer sur mon chemin.
Oui, l’Ascension clôture le temps de la résurrection pour nous faire entrer dans un autre temps qui vient le prolonger : c’est le temps de la mission, c’est-à-dire l’envoi, la confiance et l’Espérance. Trois leviers pour façonner notre vie d’homme et de femme au quotidien. Trois leviers pour accompagner la grâce de mon baptême…
La Lumière du cierge du temps pascal peut s’éteindre car elle est désormais en chacune et chacun d’entre nous.
L’Ascension marque vraiment un temps nouveau, celui d’une humanité renouvelée. Le Seigneur s’efface pour rendre possible la vie, le témoignage de l’Eglise et Il nous met en marche définitivement vers son Père. Il en est le chemin.
Comme le dit un commentateur, « il est en nous et veut par nous, par nos mains et nos pieds, par notre tête et notre cœur, poursuivre son œuvre auprès des hommes et des femmes de notre temps ».
Alors, non, l’Ascension n’est pas un Adieu, c’est un Rendez-Vous perpétuel qui nous est donné : « Allez donc de toutes les nations faites des disciples… ».
Ce Rendez-Vous est vraiment un envoi en mission.
Nous sommes appelés à rencontrer l’autre dans ses différences et dans ses richesses, à le regarder comme enfant de Dieu, quel qu’il soit.
Nous sommes aussi appelés à nous rencontrer nous-mêmes et à reconnaître nos frontières intérieures qui parfois nous enferment et nous paralysent. Le Christ est là par la tendresse de son Esprit pour nous aider à les dépasser, à guérir nos blessures et à construire avec nous de nouveaux espaces de liberté : « Ne craignez pas. Allez au large…Jetez encore vos filets ».
Il nous dit : « J’ai confiance en vous… »
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