Le témoignage du jour



Apprendre que l’on devient mamie était une source de bonheur mais aussi d’appréhension, cette nouvelle naissance étant peut-être le reflet de ma vieillesse. Mais, après tout, devenir mamie c’est aussi retomber dans sa jeunesse et rajeunir un peu en se rappelant les premiers rires et mots de son enfant et bien d’autres souvenirs.


De nos jours, le rôle de mamie a été revalorisé, et mamie a acquis un nouveau statut : elle est devenue une référence pour ses enfants qui viennent lui demander conseils, des services – où trouver une meilleure garderie ?- de leur faire part de son expérience. Ce rôle remplit de joie et peut donner un nouveau sens et un nouvel élan à notre vie, avoir des vertus psychiques et psychologiques sur les grands-parents.


Ce nouveau rôle est aussi exigeant que le sont les petits-enfants d’aujourd’hui. Il a fallu apprendre l’art de l’écoute, du dialogue, être à la page des nouveautés, être initiés aux outils numériques qu’ils maitrisent à la perfection, etc. Un véritable défi pour mamie.


Il a fallu aussi prendre conscience de l’importance de la transmission de l’histoire et des valeurs familiales dans la formation de l’enfant, en répondant à leurs attentes mais sans jamais usurper le rôle des parents.


Il n’est pas facile de transmettre la foi lorsque les sujets spirituels ne sont pas ou peu abordés dans la famille de ses petits-enfants. Il faut apprendre la patience, redoubler d’amour et de tendresse et profiter des moments pendant lesquels les enfants sont confiés aux grands-parents pour en parler, découvrir de nouvelles manières de transmettre les valeurs de la foi, aller ensemble à la messe ; et même si attristée, garder l’espérance !


Un souvenir particulièrement touchant qui me vient à l’esprit est celui de la relation vécue par l’une de mes filles avec ma mère, sa mamie : ma fille, alors âgée de 22 ans, s’est inscrite à une université étrangère et a vécu deux ans avec ma mère, 80 ans. Elles ont tissé un lien intergénérationnel extraordinaire. Ma mère a fait revivre l’aube du 20ème siècle par ses récits et transmit à ma fille l’histoire et les valeurs familiales. Ma fille a introduit ma mère dans la modernité de la fin du 20ème siècle. Des deux, c’est ma mère qui a subi la plus grande transformation au contact de ma fille : ouverture d’esprit impressionnante, vive curiosité des événements qui transformaient la société, la culture, la mode, les aspirations et revendications des jeunes. Elle prit plaisir à discuter de politique, religion, émancipation des femmes et même de sexualité, sujet par contre tabou dans mon enfance. C’était un dépassement de la vieillesse impressionnant et une véritable nouvelle jouvence. La différence d’âge ne fut jamais un obstacle ; au contraire, une source d’enrichissement réciproque.


Les petits-enfants nous offrent une relation d’amour différente de celle eue avec nos propres enfants. J’ai tissé avec eux une relation où la confiance, l’écoute, le dialogue, la complicité et le rôle de modératrice et d’intermédiaire avec leurs parents nous unissent profondément.

AMC, une grand-maman comblée par l’affection de ses petits-enfants