Le témoignage du jour


Qu’est-ce que devenir « mamie » a changé dans votre vie ?

Quand j’ai appris que j’allais être grand-maman, après sept longues et douloureuses années d’espérance parsemées de problèmes récurrents, j’ai bondi de joie en attendant l’arrivée de ce cher petit dans un bonheur total, pour le serrer dans mes bras, le voir grandir heureux et fort et rêver pour lui d’un avenir sans nuage. Mais quand Charles est né avec cette déficience qu’est le mutisme sélectif, ce fut l’éclatement d’un rêve pour les parents et pour nous, grands-parents un drame déchirant.


Si les grands-mères et les enfants d’aujourd’hui sont, sous certains aspects, différents de ceux de la société d’hier, je crois aussi que le rôle principal de la mamie que j’étais devenue était celui d’accompagner les parents pour aider mon petit-fils à s’adapter à ses fragilités. Tout de suite, j’ai décidé que dans mon nouveau rôle, il y aurait une complicité, une alliance à développer.


Deux ans plus tard naissait Laure, petit ange qui allait faire ses premiers pas avec détermination, clamer ses premiers mots, grandir en toute insouciance dans une maison aimante.


J’ai toutefois toujours eu à cœur de ne faire aucune dissemblance pour combler mes deux amours sans faire de différence. Et ce ne fut pas toujours facile, mais l’essentiel s’apprend sur le tas, il me restait à apprécier et gérer le nouveau chapitre qui s’offrait à moi. Le chemin quotidien partagé avec mes deux petits-enfants a passé principalement par l’écoute et le dialogue, l’apprentissage et la transmission du savoir-faire, sans jamais que cette formule ne s’interpose aux relations entre les parents et mes petits-enfants.


Est-ce que devenir « mamie »  a enrichi votre foi, et réciproquement ?

Depuis plus de trente ans, le catéchisme était pour moi un repère pour la vie. J’ai donc accepté de m’engager à nouveau dans cette expérience de vie tellement enrichissante qu’est le catéchisme quand mes petits-enfants ont été baptisés, afin de leur transmettre et de rendre témoignage de tout ce qui faisait ma foi, de leur donner le goût de découvrir ce chemin qui ouvre à la rencontre avec notre Seigneur Jésus, de leur donner l’envie de devenir ami avec lui par la prière. J’ai été invitée à me poser un certain nombre de questions qui touchaient à mes responsabilités de croyante. Aujourd’hui, je sais qu’il faut savoir garder la porte de son cœur grande ouverte, être à l’écoute de chaque enfant et d’accepter ses différences, de tisser des liens avec des parents ayant souvent un emploi du temps surchargé par le travail, les loisirs, mais aussi demandeurs d’une réflexion sur ce que Jésus apporte dans leurs vies.


Est-ce que vous avez un souvenir particulièrement important que vous aimeriez partager en tant que « mamie » ?

Tous ces moments partagés ont été l’occasion de tisser des liens tendres et précieux.


Le MERCI de Charles le jour de sa Première Communion. Il avait 10 ans et ne parlait pas encore, mais m’a serré tellement fort dans ses bras que j’en ai gardé un souvenir extraordinaire.


Un jour en m’accompagnant à la messe, Laure m’a dit : « tu sais, il y a dans ton regard une lumière particulière qui je l’espère ne s’éteindra jamais ! Je deviens plus indépendante, mais quand je rencontre un problème, je prie et pense à tout ce que tu m’as appris pour m’ouvrir à Marie et Jésus. « 


Est-ce que vous avez appris quelque chose de vos petits-enfants que le seul fait d’être parent ne vous aurait pas permis d’apprendre ?

Je n’ai jamais pu dire « Je t’aime » à ma fille. L’envie est là, mais le moment venu, mon cœur se noue et les paroles ne sortent pas. Je me manifeste autrement.


Par contre avec mes petits-enfants, mon bonheur est de pouvoir leur dire « je t’aime tellement » et de savourer leur réponse quand ils me disent :  « mais moi aussi, mamie chérie ».

Marie-Madeleine Luyet